Qu'est-ce que l'Approche Centrée sur la Personne ?

 

"Il existe un curieux paradoxe :

Quand je m'accepte tel que je suis,

Alors je peux changer."

 

Carl Rogers, psychologue humaniste américain (1902-1987)

 


Les origines historiques

Carl Rogers, sa vie et son oeuvre : être vraiment soi-même

 

"La vie, dans ce qu'elle est de meilleur,

est un processus fluide et changeant en lequel rien n'est fixé."

C.R.

 

Carl Rogers (1902-1987) était un psychologue américain, psychothérapeute, universitaire, pédagogue, chercheur, auteur de nombreux livres. Il est le fondateur de l'Approche Centrée sur la Personne et de la Psychothérapie Centrée sur le Client.

 

Dès 1951, il crée une tendance révolutionnaire (et optimiste) dans le monde de la psychologie, alors marqué par les seuls courants comportementaliste, expérimentaliste et psychanalytique.

 

Sa pensée se diffuse dans tout le courant de la psychologie humaniste : elle s'appuie sur l'expérience consciente de la personne et introduit le postulat de l'autodétermination.

 

Il s'agit de développer chez la personne qui consulte la capacité de faire des choix personnels car, pour Carl Rogers et ses successeurs, l'être humain est fondamentalement bon, dans le sens où il évoluera toujours positivement s'il est en capacité de suivre son instinct, son expérience.

 

La violence et la prédation sont les fruits du désespoir issus de conditions défavorables à l'épanouissement de la personne, et non pas des choix cyniques de comportements dictés par la rentabilité, la facilité ou le principe de plaisir et chaque personne détient en elle la capacité à actualiser son vécu pour orienter son propre devenir. 

 

De son domaine d'origine, la psychothérapie, l'Approche Centrée sur la Personne s'étend au fil du temps à tous les domaines du champ social (pédagogie, travail social, organisations, relations interculturelles, relations internationales...)

 

Carl Rogers enseigna le dialogue aux forces en présence dans des groupes de parole jusqu'en Irlande du Nord ou en Afrique du Sud à l'époque de l'Apartheid.

 

A la veille de sa mort en 1987, il fut officiellement pressenti pour être Prix Nobel de la Paix.

 



6 conditions "nécessaires et suffisantes"

C'est une part centrale de l'enseignement transmis par les écoles de psychothérapie centrée sur la personne et il me semble important que les personnes que je reçois (si elles le souhaitent) puissent être informées des fondamentaux de la méthode que je pratique en entretien.

En voici donc les grandes lignes :

 

Selon Carl Rogers, sa longue expérience personnelle et l'opérationnalisation systématique du vécu de ses clients qui fonde son enseignement, il existe 6 conditions nécessaires et suffisantes afin qu'un changement thérapeutique puisse avoir lieu :

 

1) Que deux personnes, la personne en demande d'aide et le thérapeute, soient en contact psychologique.

« Si chacun d'eux a conscience d'être en contact personnel ou psychologique avec l'autre, on peut en conclure que la condition est réalisée. » 

Quand ce contact psychologique ne "passe pas", il est important de l'identifier rapidement.

Il passera sans doute mieux avec une autre approche ou un autre thérapeute.

 

2) Que la première personne, celle en demande d'aide soit en état d'incongruence (désaccord interne) par rapport à la situation, et donc vulnérable et anxieuse.

C'est souvent ce qui motive la demande d'aide.

 

3) Que la deuxième personne, c'est-à-dire le thérapeute, soit en état de congruence
(accord interne) par rapport à la situation, et donc que sa personnalité soit pleinement intégrée dans la relation thérapeutique.

Le thérapeute est lui-même dans la relation thérapeutique, il ne donne pas une idée fausse de qui il est : "L'essence de la congruence c'est le fait de regarder la réalité en face et de la distinguer de nos projections et de nos distorsions." 

 

Aider n'est pas sauver.

Soigner n'est pas guérir.

 

4) Que le thérapeute éprouve des sentiments de considération positive inconditionnelle à l’égard de la personne en demande d'aide.

« Une attitude opposée à celle d'une évaluation sélective : vous êtes méchant dans ces cas-ci, vous êtes bon dans ces cas-là. Il s'intéresse à la personne distincte, ayant droit à ses propres sentiments, à ses propres expériences. » 

 

5) Que le thérapeute parvienne à une compréhension empathique du vécu interne de la personne en demande d'aide.

« Ce qui est important, ce n’est pas tant de guérir, c’est surtout de se sentir compris. »

 

6) Que le thérapeute communique clairement à la personne en demande d'aide cette compréhension empathique et ce respect inconditionnel.

 

Les recherches les plus récentes en psychologie confirment que plus ces conditions sont respectées ensemble, plus le changement thérapeutique peut s'opérer, mais ce dernier dépend également des facteurs personnels de la personne en demande d'aide, de l'environnement propice ou non dans lequel elle évolue, etc.

 

Chaque personne est unique.

 

Chaque rencontre l'est aussi.

 

Carl Rogers, à propos de l'Empathie (VO)

 

Cette psychothérapie de la relation ne se réduit pas à l'opérationalisation des discours sur le vécu 

par lequel elle peut méthodologiquement passer.

 

En cela, l'ACP est la "branche américaine" de la psychologie existentielle "historique",

ou "Daseinanalyse" (analyse "de ce qui est présent") fondée par Ludwig Binswanger au début du XXème siècle en Suisse (contemporain de Freud, Jung, etc.)

 

Chacun, un jour, dans son "ici et maintenant", éprouve une vulnérabilité extrême, parfois les mots viennent facilement, parfois, les mains ont besoin d'être occupées pour que la parole se délivre... C'est humain.

 En face d'une personne en demande d'aide qui éprouve de telles difficultés à verbaliser, le praticien peut, dans son ouverture à l'autre et la congruence de sa pratique, envisager l'utilisation d'un outil médiateur (dessin, jeu, musique, tricot ?...) mais il ne dirige pas pour autant l'expression créative de la personne.

 

Carl Rogers insistait : il est essentiel de se sentir libre pour apprendre et

aucun outil ne saura se substituer à la qualité de la relation de personne à personne. 

 

 

C'est la relation qui soigne, car 

chacun de nous n'est humain que dans l'Autre.

 

L'utilisation du Soi par Brian Thorne

 

Le rôle du praticien centré sur la personne est de faciliter l'établissement d'un contexte sécurisé et favorable où peuvent se dire vos souhaits, votre créativité, pour vivre lliberté d'être qui vous êtes vraiment.

 

Goûter cette sensation, parfois pour la première fois, est une expérience inoubliable et fondatrice pour la suite de l'aventure humaine que vivent ensemble patient et praticien : elle consolide la confiance et rend unique l'alliance thérapeutique.

 

Reste la question... : 

 

 

"Qui suis-je ?"

 

Les différentes écoles de psychothérapie se fondent sur différentes théories de la construction de la personnalité.

 

J'y reviendrai dans un article spécifique ultérieurement.


Dans le même esprit...

 

"Aimer la main ouverte" (texte complet) de Ruth Sanford, collaboratrice et dernière compagne de Rogers

"Une personne compatissante, voyant un papillon lutter pour se libérer de son cocon, et voulant l’aider, écarta avec beaucoup de douceur les filaments pour dégager l’ouverture. Le papillon, libéré, sortit du cocon et battit des ailes... mais ne put s’envoler. Ce qu’ignorait cette personne compatissante, c’est que c’est seulement au travers du combat pour la naissance que les ailes peuvent devenir suffisamment fortes pour l’envol. Sa vie raccourcie, il la passa à terre. Jamais il ne connut la liberté, jamais il ne vécut réellement.

Apprendre à aimer la main ouverte est une tout autre démarche..."

 

La Communication Non Violente (CNV) avec Marshall Rosenberg, un autre outil pour mieux s'entendre

Vidéo Ecoute active : pour mieux s'écouter les uns les autres à la maison, au travail, etc.


"Reprendre son bâton d'épistémologue"

L'épistémologie... : une discipline aux origines de mon intérêt particulier pour la psychologie existentielle 

 

Les fondements philosophiques de la thérapie centrée sur la personne

Approche Centrée sur la Personne. Pratique et recherche, 2013/1 (n°17), pages 24-27,

P. Wilkins et J.M. Priels.

Dans cet article, l'Approche centrée sur la personne est située face aux trois grands paradigmes (moderniste, romantique et postmoderne) de la philosophie occidentale. Elle est également mise en regard de la psychologie humaniste et de la phénoménologie. La théorie centrée sur la personne possède cependant sa propre cohérence théorique et pratique. Pour importantes que soient ses racines culturelles et intellectuelles, elle ne se laisse pas facilement réduire à une quelconque tradition de pensée. 

 

 

Qui sait jusqu'où, ensemble, nous sommes capables d'aller ?